MAROC | Visiter Fès el Bali, la plus grande Médina du monde
Après vous avoir fait découvrir le Mellah (ce quartier juif au sud-ouest de la médina) dans mon dernier article, je vous emmène cette fois-ci découvrir Fès el Bali : la Médina. Fès compte parmi les plus grandes villes du pays mais si elle attire autant les touristes c’est avant tout pour sa Médina : la plus grande au monde, classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1980.
C’est ce labyrinthe de couleurs et d’odeurs que je vous propose de découvrir dans ce nouvel article. L’itinéraire classique pour visiter la Médina est de démarrer par Bab Bouljoud (la porte bleue) et puis traverser la ville jusqu’aux tanneries de Chouara. Pour bien terminer votre visite n’oubliez pas d’aller voir le soleil se coucher sur la médina depuis les tombeaux des Mérinides.
Suivez-moi dans ce dédale enivrant et dépaysant !

Carte de la Médina de Fès, les incontournables
La Porte Bleue ou Bab Boujloud, l’entrée de la Médina
On reprend notre balade dans Fès en partant de son point de repère incontournable : la Porte bleue, l’entrée de la médina.
Bab Boujloud (bab signifiant porte en arabe) est une magnifique porte qui se situe juste à la sortie de la médina et avant la grande place Boujloud.
Joyau de la ville elle date du XIIe siècle et a été restaurée en 2013. C’est une porte à la forme arabe avec des zelliges, des milliers de carreaux de mosaïques coupés qui forment un camaïeu de bleu, le bleu de Fès.
La porte Bleue est en réalité constituée de deux faces aux couleurs différentes : en émail bleu (couleur de Fès) du côté extérieur et en émail vert(couleur de l’Islam) vers l’intérieur de la médina.
C’est la plus célèbre porte de la ville et un lieu de passage obligé pour les touristes. On trouve beaucoup de cafés et restaurants autour… et si vous cherchez un taxi c’est un bon point de repère. Certains cafés ou restaurants ont de magnifiques terrasses qui donnent sur la porte bleue, d’autres dans la rue sous les arbres.
Autour de la porte bleue, le coin des gourmands
Depuis la porte bleue on se décide à rejoindre la très célèbre tannerie Chouara. Pour rejoindre la tannerie il nous faut traverser la ville d’ouest en est et nous perdre dans les 9 000 ruelles de la Médina (imaginez un peu cet immense labyrinthe).
A peine avons-nous fait deux pas dans la rue Talaâ Kbira que mes narines sont attirées par les odeurs de pâtisseries et de fruits frais. De chaque côté de la rue il y a des boutiques qui vendent des dates, des cornes de gazelle, des briwates, des baklavas, des pastillas…
Les pâtisseries sont exposées à l’air libre dans la rue, les mouches et les abeilles volent autour. Peu de personnes succombent à la tentation, il faut dire que lorsque nous visitons le souk de Fès nous sommes le dernier vendredi du Ramadan. La Médina est donc très calme en ce jour de prière.
Après les pâtisseries nous arrivons dans une partie qui concerne toujours l’alimentation mais on change carrément d’ambiance… bienvenue dans le coin boucherie. Je vous épargne les photos et les détails mais sachez que les lapins, les poulets… sont toujours vivants et n’attendent que le client.
L’horloge hydraulique
En avançant dans la rue principale de la Médina on arrive devant un bâtiment avec une drôle de façade qui devrait également vous intriguer. Il s’agit en fait d’une horloge hydraulique, un système qui permettait de connaître avec précision les heures de prière pour se rendre à la mosquée juste en face.
L’immense porche que l’on traverse donne accès sur la droite à la Médersa Bou Inania, une école coranique édifiée à Fès entre 1350 et 1355, sous la dynastie des Mérinides.
La Médersa Bou Inania
Cette médersa, à la fois école coranique et mosquée, est l’un des rares monuments religieux du Maroc à être accessible aux non-musulmans (pour 20 dirhams soit 2€). Ce n’est pas cher mais il faut aussi savoir que le site est en fait tout petit.
En entrant dans le bâtiment on arrive dans une cour carrée et on est tout de suite ébloui par le soleil qui tape fort mais aussi par la beauté du décor.
L’édifice a été restauré et on peut aujourd’hui admirer les magnifiques panneaux de cèdre sculptés de motifs en forme d’étoile, les mosaïques et le stuc, travaillé en muqarnas, qui orne les arcs et les niches.
On imagine le temps et le savoir-faire nécessaire pour réaliser de telles portes avec tous ces détails.
Depuis la cour intérieure on peut voir le minaret de la mosquée ainsi qu’une salle de prière mais qui n’est pas accessible. La seule pièce que nous pouvons visiter est une des salles réservées aux étudiants de l’école coranique. A l’intérieur les murs et le plafond sont sculptés. Ce décor nous a beaucoup fait penser à l’Alhambra en Andalousie, un très beau voyage dont je n’ai pas encore eu le temps de vous parler.
Dans les édifices religieux musulmans, pas d’icônes mais des écritures en arabe comme ici sur les murs de la cour principale. On retrouve également les zelliges, ces morceaux de carreaux de faïence colorés sont découpés un à un et assemblés sur un lit de mortier pour former un assemblage géométrique.
J’adore ces couleurs et comme lors de notre voyage au Portugal, ça me donne envie de refaire la décoration à la maison !
La salle de prière donne sur la cour mais n’est pas accessible aux non-musulmans, comme le reste de la mosquée d’ailleurs. Il faut aussi savoir qu’au moment de la prière, les portes de la Médersa sont fermées et seuls les musulmans peuvent alors entrer.
Mon avis :
La visite n’est pas très chère (20 dirhams) mais j’ai été surprise par la taille du site qui est vraiment tout petit. Je m’attendais à découvrir plus de salles et à pouvoir entrer dans la salle de prière. Finalement, seule la cour et une pièce sont accessibles. Si vous ne connaissez pas l’architecture marocaine ou si vous n’avez jamais eu la chance de voir une médersa le site vaut tout de même le détour.
Devant la Médersa
L’entrée de la Médersa se trouve sous un porche richement décoré mais un peu moins bien entretenu que la cour intérieure, c’est dommage. Sur la photographie ci-dessous vous pouvez voir l’horloge hydraulique à droite dans la grande porte.
Juste devant l’entrée un homme vend des plantes aromatiques pendant que ses voisins les chats guettent pour voir si un petit morceau de viande ne tombe pas de l’étal du boucher.
Les différents produits du souk
Le temps semble s’être arrêté dans la Médina et j’ai vraiment apprécié déambuler dans les ruelles. Nous avons eu la chance de pouvoir découvrir Fès un vendredi et les rues étaient particulièrement calmes (ce qui change de Marrakech).
Nous n’avons pas pris de guide pour visiter le cœur de la Médina parce que nous préférons être seuls et découvrir à notre rythme et au gré de nos envies. Nous nous sommes laissés guider par l’odeur des épices, celles des pâtisseries, ou l’odeur du jasmin et de la fleur d’oranger. Chaque étal mérite qu’on s’y arrête, les couleurs, les rues,.. tout est si photogénique que je ne sais pas où donner de la tête.
Plongée au royaume de la babouche
Les paniers en paille
Les tapis
Les porcelaines
Les luminaires
Il y a aussi des choses étonnantes dans les différents souks comme par exemple des portraits du roi Mohammed VI (M6) qui nous observe un peu partout et même un vendeur de cassettes audio !!! Si si, des cassettes, l’ancêtre du CD !
Aujourd’hui dans le souk certains produits viennent directement des usines d’Asie et sont vendus comme étant de l’artisanat marocain… soyez vigilants et regardez bien les produits que vous achetez. A Paris on vous vend des tour Eiffel fabriquées en Asie et bien ici aussi on vous vend des babouches Made in China.
Les animaux du souk
Si comme nous vous aimez les petites bêtes et bien vous aurez souvent mal au cœur au Maroc. Certains chats sont plutôt mal en point. Je crois que la scène qui m’a le plus choquée c’était un petit chaton roulé en boule et mourant, abandonné dans les rues. Les enfants passaient à côté et n’hésitaient pas à frapper les chats qu’ils croisaient. Une scène impensable aujourd’hui en France mais peut-on en vouloir à ces enfants à qui on n’a jamais expliqué qu’un animal n’est pas un objet.
En journée nous n’avions vu aucun chien mais en rejoignant l’aéroport de nuit nous avons découvert des rues remplies de chiens à la recherche de nourriture.
Les rues parallèles
Autour de la rue principale, les ruelles sont presque désertes mais elles sont aussi de magnifiques décors pour quelques images… alors il ne faut pas hésiter à prendre à droite, puis à gauche avant de revenir sur ses pas. C’est ainsi qu’il faut découvrir la Médina.
Des rues jaunes, des rues bleues comme à Chefchaouen, à chaque virage son ambiance.
La Qissariya, le grand marché couvert
Les souks les plus luxueux (Kissaria) sont les plus proches de la grande mosquée. La Qissariya, marché couvert historique situé près du mausolée de Moulay Idriss s’étale sur 4.000 m², 560 magasins et 12 souks. Récemment rénové ce marché semble presque neuf car en fait il a été reconstruit en béton après un terrible incendie en 1954.
Le Mausolée Moulay Idriss
La mosquée Quaraouiyyine
La mosquée Quaraouiyyine ou Karaouiyne est a plus grande des 400 mosquées de la ville de Fès. C’est autour d’elle que la Médina s’est construite. Elle se trouve à proximité du musée Nejjarine et du Mausolée de Moulay Idriss. C’est la mosquée du vendredi où les musulmans se rejoignent pour la prière. Construite en 1144, elle peut accueillir jusqu’à 20 000 fidèles !
On ne peut pas visiter la mosquée mais lorsque nous sommes passés une des portes était ouverte (au passage je vous invite à respecter ces lieux et à ne pas photographier l’intérieur et les personnes qui prient… faites preuve de respect). La porte ouverte nous avons pu entendre les chants des croyants, des centaines de personnes qui chantaient tous ensemble leur ferveur, c’était très impressionnant.
La place Sffarine
La place Rcif
A quelques pas de la place Sffarine et de la grande mosquée on arrive sur une autre place, plus grande : la place Rcif. De grande dimension elle est surplombée par la mosquée R’cif au minaret élégant. Sur la place quelques vendeurs affrontent le soleil et vendent des objets de consommation courante : vêtements, bassines en plastique…. La place se termine par Bab Rcif, un mini porte bleue.
Les bords de l’oued Fès
A proximité nous avons été étonnés de voir les bords de la rivière aménagés pour la promenade. Le quartier semble très récent et il y a même des géraniums qui fleurissent les bords de la rivière.
La tannerie Chouara
En longeant la rivière on arrive sur un site incontournable : la tannerie Chouara. Les tanneries ont besoin de beaucoup d’eau et c’est donc naturellement qu’elles se sont installées près de cette rivière.
Il y a plusieurs tanneries dans la Médina mais la plus connue et les plus impressionnante est la tannerie Chouara qui est d’ailleurs devenue une véritable carte postale pour la ville.
Pour plus d’informations sur la tannerie Chouara…
Comment y aller ? A quel prix ? Tous mes conseils et astuces
dans mon article sur la tannerie !
Les portes de Fès el Bali
Les panneaux des rues
Direction les tombeaux des Mérinides
En fin de journée nous rejoignons le Nord de la médina. Il fait encore très chaud mais nous voulons profiter de la vue sur la ville depuis les hauteurs.
Finalement nous allons sortir de la Médina vers 17h et passer les murs d’enceinte mais il fait une chaleur ATROCE et nous rebroussons chemin. Impossible pour nous de grimper au tombeau des Mérinides sous 40° et sans ombre ! On retourne se balader dans la Médina et faire quelques photos en attendant 19h.
Bab Guissa
19h il fait encore chaud mais les températures sont plus supportables. C’est étonnant de voir la différence de température entre les rues ombragées du souk et l’extérieur de la ville. On sort de la Médina par la porte Guissa et on arrive sur une première partie du cimetière.
La campagne autour de la Médina
Plus nous montons vers les tombeaux des Mérinides plus la vue se dégage devant nous. Le paysage est grandiose et on se met à rêver de prendre Harry pour traverser les campagnes marocaines.
Le cimetière
Les remparts de la ville
Toute la Médina est entourée de remparts que l’on peut bien observer en sortant de la vieille ville. Certaines portions sont en très bon état alors que d’autres sont en ruine.
Les tombeaux des Mérinides

Fès, la plus grande Médina du monde, depuis le tombeau des Mérinides
Hôtel les Mérinides
A proximité des tombeaux des Mérinides se trouve l’hôtel du même nom. La décoration n’est pas forcément à notre goût et la piscine est à l’ombre en fin de journée… mais l’atout de l’hôtel c’est bien sûr sa vue sur la Médina. Nous sommes donc allés boire un verre en terrasse pour profiter de la vue sur la Médina au coucher du soleil.
La vue sur la ville depuis les hauteurs
Le mot de la fin
Visiter la plus grande Médina du monde est une expérience culturelle, visuelle, olfactive, auditive… c’est une expérience à vivre au moins une fois dans une vie de voyage.
J’avais aimé parcourir la Médina de Marrakech mais je m’y étais sentie oppressée, gênée par la pollution, les bruits des mobylettes, la foule qui allait et venait dans les deux sens dans des rues très étroites, j’avais été insultée (insultes racistes et sexistes), je m’étais aussi sentie en insécurité (en particulier le soir quand il fallait rentrer au riad ou lorsque je me suis fait voler mon téléphone quasiment dans ma main… mais que l’on m’a rendu 20 minutes plus tard après être passée par toutes les émotions).
Bref j’étais partagée au moment de visiter Fès entre l’appréhension et la curiosité de découvrir la plus grande et la plus belle Médina du monde. J’avais envie de donner une deuxième chance au Maroc que j’avais tant rêvé.
Finalement nous avons bien fait de revenir au Maroc et j’ai vraiment apprécié la Médina de Fès qui est BEAUCOUP plus calme, plus tranquille et où les habitants eux-mêmes sont beaucoup plus détendus. Nous étions à Fès à la fin du ramadan et nous avons visité la médina le vendredi (jour de la prière). Même si certaines boutiques étaient fermées c’était vraiment agréable d’avoir les rues rien que pour nous.
Je vous conseille vraiment de vous évader à Fès le temps d’un week-end.
On se retrouve très bientôt pour la suite du reportage sur Fès.
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Reportage réalisé en partenariat avec l’aéroport de Nantes Atlantique.
Comme à notre habitude nous restons libres du choix de nos contenus sur le blog.
Nous avons nous-même sélectionné les adresses et les activités réalisées lors de notre séjour.
Merci pour cet excellent reportage ! Bien rédigé, bien documenté. Je vais continuer de vous suivre avec plaisir. Je prépare un road trip en fourgon aménagé, pour janvier à avril 2023. Femme solo, 66 ans.