Verdun, au cœur de l’Histoire – Meuse
Cela n’aura échappé à personne, cette année est une année bien particulière dans notre histoire puisque nous célébrons le centenaire de la fin de la Première guerre mondiale. A cette occasion, nombre de documentaires, d’articles, d’expositions… sont consacrés à ces hommes, ces femmes qui ont vécu la Grande guerre.
En ce 11 novembre 2018 j’ai une pensée émue pour ces hommes qui ont donné leur vie pour que leurs enfants, petits enfants et arrières petits enfants puissent vivre dans un pays libre. Arrière petite fille d’un ancien combattant, j’ai une pensée pour mon arrière grand-père Joseph et pour tous les hommes de ma famille qui sont allés se battre pour la France.
Pour que l’on honore la mémoire de tous ces soldats morts des deux côtés des tranchées,
pour que l’on n’oublie pas…
je vous propose aujourd’hui une plongée dans notre Histoire avec une visite de Verdun et de ses lieux de mémoire.
A notre retour d’Alsace et du Luxembourg en avril 2015, nous avons fait un détour par Verdun. Vous connaissez déjà mes passions pour l’Histoire, le patrimoine, l’Art… et nous ne pouvions pas passer si près de Verdun sans nous arrêter.
Si vos souvenirs d’école sont un peu flous, c’est ici qu’a eu lieu la plus longue et la plus dévastatrice bataille de la Première Guerre Mondiale. Nombre de soldats sont passés par Verdun (les trois quarts) et beaucoup y reposent encore. « Verdun » résonne dans nos mémoires comme un symbole de la Grande guerre.
Quand on se rend dans cette région on peut encore voir les traces de ce passé douloureux. Il suffit de regarder les terrains ravagés par les obus, de regarder les cratères, les croix dans le cimetière de Douaumont et les ruines des villages qui ont totalement disparu pour imaginer l’enfer que les hommes ont vécu ici.
C’est avec Stalingrad, une des batailles les plus sanglantes de l’Histoire. Du 21 février au 19 décembre 1916, 300 jours et 300 nuits de combats, 2,3 millions de combattants, 300 000 morts et disparus, 400 000 blessés, 50 millions d’obus…
La bataille de Verdun est encore aujourd’hui un symbole de la résistance, du courage et du patriotisme des poilus. Mais c’est aussi un témoignage de la folie et des atrocités de cette première guerre mondiale qui a impliqué des millions d’hommes et de femmes à travers le monde.
La Tranchée des Baïonnettes
Ce monument, construit par un mécène américain, repose sur une légende : celle de soldats français ensevelis debout dans leur tranchée lors de violents bombardements. Cette hypothèse est controversée mais le lieu demeure dans l’imaginaire collectif comme un site symbolique du Champ de Bataille de Verdun. L’accès est libre.
Les villages détruits
Bezonvaux, Fleury devant Douaumont, Beaumont en Verdunois, Cumières le Mort Homme… Dans la région des combats, une dizaine de bourgs ont été anéantis par les bombardements. Six villages furent carrément rayés de la carte et jamais reconstruits. Officiellement déclarés « morts pour la France », ils restent administrés par des maires nommés par le préfet de la Meuse, au nom du souvenir.
Parmi ces villages nous nous sommes rendus à Douaumont, à quelques mètres du fort. Le long de la route on peut lire des noms et des pierres indiquent l’emplacement des monuments de la commune comme la mairie, l’école…
Le fort de Douaumont
Le fort de Douaumont est le plus puissant ouvrage de la place forte de Verdun. Il sera occupé pendant 8 mois par l’armée allemande, qui en fera un abri pour ses troupes et un point d’appui essentiel pour poursuivre son offensive. Malgré plusieurs tentatives de reconquête, ce n’est que le 24 octobre 1916 que le fort sera repris.
Aujourd’hui le fort se visite et on peut encore marcher au-dessus, au milieu des cratères. De là-haut on a une vue dégagée sur la région.

Le fort de Douaumont

L’entrée du fort de Douaumont

Les drapeaux français et allemand flottent au-dessus du fort de Douaumont, à côté du drapeau européen : tout un symbole !
Les tranchées
La zone rouge est aujourd’hui recouverte d’une grande forêt. En traversant cette dernière on peut encore voir des vestiges des combats et notamment des restes de tranchées.
L’ossuaire de Douaumont
L‘ossuaire de Douaumont est un monument à la mémoire des soldats de la bataille de Verdun de 1916. Il a été construit et fut inauguré en 1932. Il accueille les ossements de plus de 130 000 soldats inconnus : des français et des allemands, réunis dans le même bâtiment.
C’est devant cet ossuaire qu’en 1984 le président François Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl se sont serrés la main, une des images les plus marquantes du XXe siècle et un symbole de l’amitié franco-allemande.

L’ossuaire de Douaumont
A l’intérieur de l’ossuaire
- Masques à gaz allemands
- Masques à gaz français
Au milieu de l’édifice une tour permet d’avoir une vue panoramique sur la nécropole nationale.
La nécropole nationale
Face à l’ossuaire de Douaumont se trouve la nécropole nationale qui regroupe 16 142 tombes de soldats. Ils sont principalement catholiques mais il y a aussi quelques centaines de tombes musulmanes et juives.
La voie sacrée
Parmi les incontournables il y a cette route surnommée « La Voie sacrée ». C’est cette route qui va permettre d’alimenter en hommes, en vivres et en matériel la zone des combats. Jour et nuit, camions et véhicules font la navette dans les deux sens, entre Bar-le-Duc et Verdun. Surnommé « le chemin de l’enfer » par les Poilus, cet axe vital va permettre d’organiser les rotations des combattants dans les tranchées. En effet, sur ordre de Pétain, les soldats vont tourner tous les 10 ou 15 jours afin de supporter les assauts.
Les deux tiers de l’armée française vont ainsi combattre à Verdun.
Verdun
A quelques kilomètres de la zone rouge, Verdun a effacé son image de ville meurtrie. Le cœur de la ville a été restauré et offre une belle étape pour ceux qui souhaitent découvrir les sites mémoriels de la région. Après l’émotion on apprécie de pouvoir s’asseoir et souffler sur les bords de la Meuse.
Les autres sites à visiter
➔ Le fort de Vaux
➔ Le bois des Caures
➔ Le lion de Souville
➔ La tranchée de Chattancourt
➔ Le village détruit de Fleury
➔ Le boyau de Londres
➔ La citadelle souterraine
➔ Le canon de Duzey
➔ Le Fort de Jouy
➔ Le musée de la Voie Sacrée
➔ Le mémorial de Verdun
➔ Le Centre Mondial de la Paix, des libertés et des droits de l’Homme à Verdun
➔ Le cimetière américain de Romagne-sous-Montfaucon
➔ Le mémorial de la butte de Montsec
Pour conclure
Ce qui nous a le plus marqué lors de notre visite ce sont les arbres, les fleurs, le silence qui y règne, ponctué ça et là du chant des oiseaux… Nous y sommes allés en avril, au moment où la nature reprend vie, où les arbres bourgeonnent et témoignent du retour du printemps. Comme lors de ma visite à Auschwitz, le contraste est saisissant. Je me souviens encore de mes élèves qui me disaient à Auschwitz : « Madame, c’est tellement calme, l’herbe est si verte et il y a des oiseaux partout… on a du mal à imaginer que c’est le plus grand cimetière du monde. » Comment imaginer l’horreur ?
Pourtant à Verdun comme à Auschwitz, on imagine.
On imagine la boue, la peur, le froid, la pluie… on imagine ces soldats enterrés dans les tranchées à attendre les combats. On imagine l’assaut, on entend les obus qui sifflent, les tirs, les cris et… encore plus douloureux : le silence. On imagine l’odeur de la poudre, l’odeur du sang, l’odeur des gaz et des corps. Enfin, du moins, on essaye d’imaginer ! Comment imaginer l’inimaginable ?
Pour ne pas oublier, pour ne pas recommencer il ne nous reste qu’à partager, qu’à raconter, montrer et préserver ces lieux. En tant qu’historienne, je ne peux que vous conseiller de vous rendre au moins une fois dans votre vie sur ces lieux changés d’Histoire. Chaque élève en France devrait avoir l’occasion, au moins une fois dans sa scolarité, de se rendre sur un de ces lieux de mémoire que ce soit Verdun, les plages du Débarquement, Oradour sur Glane, Auschwitz…
pour que l’on n’oublie jamais !
Je vous dis à très vite,
Anaëlle