CHARTRES | La maison Picassiette, visite insolite
Lors de notre week-end à Chartres nous avons découvert un lieu particulièrement original : la Maison Picassiette. Cette drôle de maison façonnée pendant 25 ans par son propriétaire Raymond Isidore est entièrement recouverte de morceaux d’assiettes et de verre. Depuis quelques années la maisonnette est devenue l’un des incontournables de la ville et un des sites les plus visités juste derrière la cathédrale.
Je vous emmène pour cette visite insolite ?
Localisation
Chartres se trouve dans le département de l’Eure et Loir, dans la nouvelle région Centre-Val de Loire. La ville est à 90 km de Paris (ou 1h en train depuis la gare Montparnasse) ou bien si vous venez de l’ouest comme nous Chartres est à moins de 3h d’autoroute de Nantes (300 km). C’est donc une destination qui se prête bien à un grand week-end : 3 jours et 2 nuits (la formule que nous vous présenterons dans notre article bilan).
La maison Picassiette quant à elle se trouve un peu à l’écart du centre-ville. Vous pouvez la rejoindre à pied en traversant le parc des Bords de l’Eure ou bien en bus, ou même avec votre voiture.
Nous y sommes allés à pied : 2 km de la cathédrale soit près de 30 min à pied (mais sous la canicule de juin 2019 c’était pas top !). Plus d’informations à la fin de l’article.
L’histoire du lieu
La maison Picassiette n’a rien à voir avec les autres maisons de son quartier, c’est une oeuvre d’art ! Mais quel drôle de nom n’est-ce pas ?
Alors revenons sur l’histoire de ce lieu atypique que nous devons à un homme : Raymond Isidore.
C’est en 1930 que Raymond Isidore commence à bâtir sa maison sur un petit terrain d’un faubourg de la ville, à quelques pas du cimetière où il est alors balayeur. Avec ses revenus modestes il construit et décore petit à petit sa maison.
En 1938, il commence son œuvre en décorant l’intérieur de sa maison avec des petits bouts de verre, des débris de porcelaine, de la vaisselle cassée… qu’il récupère dans les poubelles du cimetière et de la ville : « Je les ramassais sans intention précise, pour leurs couleurs et leur scintillement. J’ai trié le bon, jeté le mauvais. Je les ai amoncelés dans un coin de mon jardin. »
Petit à petit, il fait une fresque dans la maison, puis en recouvre les murs intérieurs avant de s’attaquer aux murs extérieurs, puis les meubles et les sols. Seule la taille de son terrain semble alors limiter la créativité de notre « Picassiette » qui achètera un autre morceau de terrain derrière sa propriété et qu’il décorera à son tour. Il ajoutera même une chapelle à son oeuvre.
Après 25 années de création, son entreprise se termina en 1962, année où son inspiration semble l’avoir abandonné. Il décédera le 6 septembre 1964, la veille de son 64ème anniversaire. Il laisse derrière lui un lieu de vie devenu une oeuvre d’art.
La maison Picassiette a été acquise pas la Ville de Chartres en 1981 et fut classée monument historique en 1983 puis Patrimoine remarquable du XXe siècle.
Pourquoi la maison Picassiette ?
Il y a deux hypothèses quant à l’origine de ce nom. Alors que pas un seul espace de sa propriété n’échappe à sa pulsion créatrice Raymond Isidore est rapidement raillé par les voisins qui observent de loin la maison se transformer. Sa création attire à la fois curiosité, fascination ou moqueries.
Raymond Isidore récupère les morceaux cassés un peu partout, dans les poubelles ou dans la rue, et il se voit attribuer le surnom un peu moqueur de Picassiette un mot-valise qui reprend le verbe « piquer » (voler) et assiette (référence à la porcelaine qu’il récupère). D’autres veulent y voir un nom un peu plus flatteur pour l’artiste autodidacte : Picassiette serait en fait « le Picasso des assiettes ».
Le succès de sa maison aujourd’hui aura le mérite de faire taire les mauvaises langues d’antan !
Visite guidée
La Maison Picassiette se trouve dans un quartier pavillonnaire, un peu à l’écart du centre-ville. Elle n’est pas visible depuis la rue mais il suffit de suivre les panneaux (ou votre GPS). On y entre par un sentier étroit où un guichet a été ajouté (avec des WC).
Une fois le guichet passé nous apercevons la maison : elle semble toute petite ! Elle est longue et s’étale sur le terrain sur lequel elle se trouve. Les portes et les fenêtres sont toutes (ou presque) au sud, sur le côté droit de la maison. La modeste dimension de la maison est vite oubliée tant son originalité frappe le visiteur au premier coup d’œil.
Je me penche vers le pignon de la maison pour regarder les carreaux de porcelaine de plus près. J’imagine le temps qu’il a fallu à cet homme pour récupérer ces morceaux, les trier et les installer. Sans doute que les habitants de Chartres l’ont aidé dans son oeuvre en lui apportant les débris de leurs assiettes, bouteilles en verre, ou autres objets en porcelaine.
Il y en a en tout près de 15 tonnes de débris de vaisselle, de verres multicolores, de faïences… cela semble incroyable que tout cela n’ait été réalisé que par un seul homme durant ses soirées et ses week-ends.
Souvenir d’enfance. De mon côté ces morceaux de porcelaine me font penser au dessous plat familial, une création de mon papa lorsqu’il était enfant, à l’école ! Ce dessous plat a plus de 50 ans mais nous l’avons toujours, et papa est fier de ses morceaux de porcelaine dans leur bain de ciment ! Alors j’imagine combien Raymond Isidore devait être fier de sa maison.
En avançant un peu plus le long de la maison on découvre l’intérieur : et quelle surprise ! Aucun meuble, aucun mur ni aucun sol n’a été oublié par l’artiste. Je découvre également qu’en plus de faire des œuvres en mosaïque, Raymond Isidore a peint des fresques ou des meubles de sa maison comme ici dans la cuisine.
On ne peut pas entrer dans la maison mais nous pouvons l’observer depuis les fenêtres et la porte qui sont ouvertes pour les visiteurs. La chambre à coucher est elle aussi couverte de fresques et de mosaïques ainsi que les objets du quotidien comme la machine à coudre. Il faut aussi préciser que bien que totalement recouverte de mosaïques, cette maison restera le lieu de vie quotidien de l’artiste et de son épouse.
Les murs extérieurs de la maison sont également recouverts de mosaïques qui représentent une femme, des bateaux sur l’eau, des papillons, des fleurs, et la ville de Chartres avec son imposante cathédrale que nous retrouvons à plusieurs endroits dans le jardin.
Chartres et sa cathédrale.
La chapelle
Raymond Isidore était un homme croyant et la religion est très présente dans ses réalisations. Un peu partout nous pouvons retrouver la cathédrale de Chartres qui l’a beaucoup influencé ou encore d’autres monuments religieux comme Notre-Dame, des figues de la vierge… Il a même été jusqu’à construire sa propre chapelle dans son jardin, juste à droite de la maison.
Dans sa chapelle il a coloré le béton de bleu et intégré des roses en porcelaine un peu partout.
Ces roses proviennent très certainement du cimetière qui se trouve non loin et où travaillait notre artiste.
L’influence de la religion
Partout dans son jardin on peut voir l’influence de la religion. Un grand nombre de cathédrales, d’églises… ont été représentées sur les murs du jardin. Celle que l’on retrouve un peu partout c’est la cathédrale de Chartres.
Chartres a même sa Joconde !
Dans le jardin
Passionné et avec une imagination débordante, son terrain et sa maison vont rapidement être recouverts et notre artiste va manquer de place. Raymond Isidore fera alors l’acquisition d’un morceau de terrain qui longe sa petite propriété. Il recouvrira les murs de mosaïque, même les pots pour les fleurs sont recouverts.
Le jardin de la maison Picassiette.
Quelques détails des porcelaines du jardin.
Raymond Isidore travaillait avec des morceaux de vaisselle, des éclats de verre et le ciment lui servait de liant ou pour ses sculptures.
Depuis l’acquisition de la maison par la ville de Chartres, un certain nombre de restaurations ont été effectuées pour essayer de conserver et protéger le site. Si les mosaïques se conservent relativement bien les fresques quant à elles souffrent en particulier des intempéries.
INFORMATIONS PRATIQUES
ADRESSE & CONTACT :
La Maison Picassiette
22, rue du Repos
28000 Chartres
Tél. 02 37 34 10 78
Mail : accueil.picassiette@ville-chartres.fr
TARIFS :
➔ plein tarif : 6 €
➔ tarif réduit : 3 €
La gratuité est accordée :
➔ aux moins de 18 ans
➔ aux bénéficiaires du RSA ou toute aide similaire
➔ aux groupes scolaires chartrains et à la pré-visite de l’accompagnateur / enseignant.
Comment s’y rendre ?
Vous pouvez également emprunter la ligne Filibus 4 pour vous y rendre.
OUVERTURE : Du 15 mars au 15 novembre
Le mot de la fin
Complètement atypique, il serait dommage de ne pas s’y arrêter !
La maison Picassiette est un bel exemple de ce que nous pouvons appeler l’architecture naïve du XXe siècle, une oeuvre d’art brut, d’art populaire. Ici l’artiste était un passionné, fasciné par les objets qu’il ramassait et qu’il a eu l’idée d’utiliser pour décorer sa modeste maison.
Quand on pense au temps passé par cet homme, quand on voit les décors qu’il a créés… on ne peut qu’être admiratifs. Il y a d’autres réalisations de ce type en France et cette maison doit sans doute vous rappeler le palais idéal du Facteur Cheval.
Mais dites-moi, vous pourriez vivre dans une telle maison vous ?
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✷ BILAN | Chartres, le temps d’un week-end
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Ce séjour est le fruit d’une collaboration avec l’Office de tourisme de Chartres Métropole
mais je reste libre dans le choix des contenus et des photos.
Un grand merci à Amélie qui nous a préparé ce week-end de découverte.
Plus d’informations sur leur site internet officiel.
Native de la région Centre, j’ai déjà entendu parler plusieurs fois de cette intrigante maison mais je n’ai jamais eu l’occasion de la découvrir! Vos photos donnent très envie en tout cas!
Contente de vous avoir fait découvrir une maison insolite de votre région natale 🙂 espérons que le COVID nous laisse un peu de liberté pour reprendre les visites culturelles…