VIENNE | Loudun, les incontournables
Il y a quelques semaines nous sommes à nouveau parti en week-end dans le département de la Vienne ! Décidément, c’est vraiment le département à l’honneur de nos aventures cette année. Après Poitiers, Montmorillon, Châtellerault, c’est dans le Loudunais que nous avons passé deux jours. C’était l’occasion pour nous découvrir un petit coin de France que nous ne connaissions pas à seulement quelques kilomètres des bords de Loire.
Dans cet article je vous propose une balade dans
les ruelles de Loudun, à la découverte de ses incontournables.
LOCALISATION
Loudun est une ville située dans le Nord-Ouest du département de la Vienne. Cette ville se trouve à 25 km de Thouars, 35 km de Saumur, 45 km de Châtellerault et 55 km de Poitiers et du futuroscope. La ville possède un riche patrimoine culturel avec : sa tour carrée, ses églises, la porte du Martray et ses anciens remparts, ses ruelles, sans oublier le musée Renaudot ou le musée Charbonneau Lassay.
HISTOIRE
Les origines de la ville
La ville de Loudun est installée sur une colline. Cette position stratégique permettait l’observation et la défense de la cité. L’origine du nom de la ville serait même un témoignage de cette position stratégique, la colline fortifiée « dun » vouée au Dieu « Lug » : « Loudun ».
Des fouilles archéologiques menées sur la colline de Loudun ont révélé une présence humaine depuis le paléolithique. Les Celtes y établirent vraisemblablement un lieu de culte dédié au dieu Lug et un solide oppidum puis la ville devient Lugdunum sous les Romains jusqu’aux premiers raids germaniques du dernier quart du IIIe siècle.
Le Moyen-Age et les guerres
La longue période médiévale, marquée par le Christianisme et la féodalité va inscrire « Loudun » dans un carrefour aux confins de trois provinces : le Poitou, l’Anjou, la Touraine. De ce fait Loudun se trouvera au cœur même des conflits entre Comtes d’Anjou et Ducs d’Aquitaine, mais aussi, entre la Couronne de France et le Royaume d’Angleterre durant les guerres de Cent Ans.
Loudun faisait partie intégrante de l’immense empire Plantagenêt, jusqu’à sa prise par le roi de France Philippe Auguste en 1206. Le Capétien ceintura la ville d’une nouvelle muraille et renforça considérablement le château. Il y bâtit notamment l’une de ces grosses tours maîtresses qui marquaient généralement son empreinte sur une cité.
L’époque moderne : Catholiques, protestants et sorcellerie !
Au XVIIème siècle le protestantisme s’installe dans la région et Catholiques et Protestants vont s’entredéchirer. Les protestants brûlent la collégiale Sainte-Croix, le couvent de l’église des Carmes (Saint-Hilaire-du-Martray) et l’échevinage. Le duc d’Anjou (futur Henri III) fait le siège de Loudun pour récupérer la cité aux mains des protestants. L’affrontement a lieu lors de la bataille de Moncontour : le duc d’Anjou inflige une défaite sanglante aux Huguenots.
En dépit de ces heurts, la ville prospère et au début du XVIème siècle elle compte environ 10 000 habitants dont plusieurs sont célèbres : Isaac de Razilly qui sera avec Menou d’Aulnay à l’origine de la fondation de l’Acadie ; Ismaël Bouilliau, astronome, le poète Scévole de Sainte-Marthe qui a créé un salon littéraire et enfin Théophraste Renaudot dont la maison natale est aménagée en musée afin de faire connaître son oeuvre de journaliste et de médecin.
Loudun va connaître une dure épreuve : Louis XIII ordonne de démolir le château, le palais des ducs-rois d’Anjou-Sicile, le donjon et l’enceinte fortifiée de la ville. La vie de la cité sera également marquée par un important procès. Sur fonds politico-religieux, un prêtre de Loudun, accusé de sorcellerie, Urbain Grandier, va périr sur le bûcher le 18 août 1634. Il était accusé d’avoir ensorcelé les religieuses du couvent des Ursulines (ou bien d’avoir critiqué trop vivement le cardinal).
Le , un tremblement de terre a mis à bas une partie des murailles, et provoqué l’effondrement d’une partie de l’église principale.
De la Révolution française à nos jours
A la Révolution des monastères sont pillés ainsi que les églises. En 1790, lors de la création des départements français, le Sud-Saumurois est rattaché au département de la Vienne.
Source : Ville de Loudun
LES INCONTOURNABLES
La Collégiale Sainte Croix
Arrivés à Loudun un dimanche après-midi d’automne, la ville est très calme. On se gare en centre-ville sur la place Sainte-Croix et nous commençons nos découverte par la collégiale qui donne sur la place.
Construite au XIème siècle, par des moines provenant de l’Abbaye de Tournus en Bourgogne, cette église fut d’abord placée sous le vocable de Notre-Dame avant d’être baptisée Sainte-Croix lorsque Foulque V, Comte d’Anjou, la dote d’un fragment de la Vraie Croix à son retour des Croisades.
En 1558 au moment des Guerres de Religion elle est en partie détruite et brûlée puis reconstruite. En 1634 des séances d’exorcisme publiques s’y dérouleront dans le cadre du procès d’Urbain Grandier, ce prêtre accusé de sorcellerie. C’est finalement la Révolution qui va lui porter un coup fatal. Elle sera vendue comme bien national et transformée en halle aux grains. En 1889, par manque d’entretien, une partie de la voûte de la nef s’effondre ce qui pousse la municipalité à faire recouvrir l’édifice d’une charpente de type Eiffel provenant de l’Exposition Universelle de 1889. L’église devient dès lors un marché couvert et ce jusqu’en 1991 !
Depuis 1995, l’église Sainte-Croix a trouvé une nouvelle vocation. C’est devenu un lieu d’exposition qui participe au dynamisme culturel de la ville. Au-delà des expositions organisées, il est intéressant d’entrer dans ce joyau architectural pour en observer le chœur roman ou les peintures murales des XII-XIIIème siècles.
Lors de notre visite nous avons pu profiter de l’exposition « Quand l’Art s’emballe, Art brut et apparentés ». Les œuvres de cette exposition se veulent libres, spontanées, atypiques, hors normes. En tout ce sont 23 artistes venus de toute la France et de l’étranger qui étaient exposé. Des artistes que l’on peut retrouver dans de nombreux musées d’art contemporain en France et en Europe.
Cartons dépliés, cartons travaillés, cartons gaufrés, sacs de jute, paquets de cigarettes, sacs en papier, boites à œufs, bouteilles de gaz, enveloppes, cartons d’emballage… les supports sont variés et parfois étonnants.
Les coordonnées :
Place Sainte-Croix
86200 LOUDUN
Tél. 05 49 98 62 00
collegiale.ste.croix@ville-loudun.fr
Horaires d’ouverture :
Ouverture : mi-mai au 30 septembre, mardi au samedi 10h30-12h30 et 14h-19h, le dimanche 14h-19h.
1er octobre à mi-mai, mardi au dimanche 14h-18h.
Vacances de Noël : mardi au samedi 10h30-12h30 et 14h-18h, le dimanche 14h-18h.
Fermé le 1er janvier, 1er Mai et 25 Décembre
Tarifs :
Tarif : entrée libre / atelier enfant 1€.
La place Sainte-Croix
Nous ressortons de la collégiale et retombons sur la place Sainte-Croix. Les commerces sont fermés, c’est dimanche. Mais on ressent, comme dans de nombreuses petites villes, que les commerces et la vie du centre-ville s’éteignent peu à peu.
Nous empruntons la rue du Jeu de Paume pour rejoindre la maison de Théophraste Renaudot, transformée en musée.
La maison-musée Théophraste Renaudot
Parmi les visites incontournables de la ville il y a bien sûr la maison natale de Théophraste Renaudot. Ce musée permet de connaître et de se plonger dans l’univers de ce grand homme du Poitou à qui l’on doit la presse, les mots de Piété, les consultations charitables et même la première ébauche de Pôle Emploi (un visionnaire).

Les coordonnées :
Musée Théophraste Renaudot
Rue du Jeu de Paume
86200 Loudun
Tel : 05 49 98 27 33
Courriel : musee.renaudot@wanadoo.fr
Site : www.museerenaudot.com
Horaires d’ouverture :
Ouvert du mardi au dimanche de 14h à 18h et le matin sur rendez-vous
Fermé pendant les fêtes de fin d’année
Tarifs :
adulte : 3.50 € – gratuit moins de 17 ans
Visites guidées tous les mardis et jeudis à 15h en été
A NOTER : la visite était gratuite le jour de notre visite (mi-septembre).
Eglise Saint Pierre du Marché, et son portail Renaissance
En sortant du petit musée Renaudot, nous apercevons le clocher de l’église Saint-Pierre du Marché et nous prenons sa direction. Cet édifice du XIIIe siècle a été construit après la destruction de l’église Saint Pierre du Château. Commencée au XIIIe l’église sera remaniée et agrandie au XVe. Une nef collatérale, le clocher et le portail renaissance sont alors venus s’ajouter à l’église primitive.
L’église n’est pas facile à prendre en photo dans son ensemble car elle est entourée de maisons. L’élément le plus remarquable de cette église est son splendide portail qui prend la forme d’un arc de triomphe. Il est richement orné de sculptures où se mêlent anges et ornements floraux. Une curiosité architecturale interpelle : les deux niches à dais de chacun des piliers d’angles sont dissemblables : les niches extérieures ont été taillées dans le prolongement des piliers et des murs, c’est-à-dire verticalement, tandis que les deux qui suivent, vers l’intérieur du portail, semblent s’écrouler ou s’enrouler sur elles-mêmes.
Une coquille Saint-Jacques sur la maison à droite du portail nous rappelle que l’église se trouve sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Les statues du portail ont été vandalisées par les Huguenots en 1562.
A l’intérieur, le décor surprend avec un sol qui alterne béton et carreaux de carrelage de différentes époques. Derrière l’autel, on peut remarquer les restes d’une grande ouverture qui devait illuminer le chœur mais qui a été murée. Au plafond c’est un lambris en bois qui a remplacé la voûte en pierre.
Cette église est aussi connue pour être l’église où officia Urbain Grandier au XVIIème siècle, ce prêtre accusé de sorcellerie et brûlé en place publique le 18 août 1634 et dont quelques cendres sont exposées au musée Charbonneau Lassay.
Dans les rues de Loudun
La découverte se poursuit dans les rues de Loudun où je ne peux pas m’empêcher de photographier les jolies portes que nous croisons jusqu’à la mairie.
La mairie de Loudun
La Tour Carrée
La Tour Carrée de Loudun domine la ville et témoigne de son passé médiéval. Pour l’atteindre, on peut emprunter de petites ruelles calmes, coincées entre les murs des propriétés voisines. Il est même assez difficile de bien distinguer la tour qui de plus, est en travaux depuis 2017.
Construite probablement en bois vers 1040 par Foulques Nerra, Comte d’Anjou et Seigneur de Loudun, pour protéger ses états d’éventuelles incursions des comtes de Poitou, elle fut rasée et rebâtie sur les mêmes fondations par son petit fils Foulques le Rechin durant le XIIème siècle, selon la forme actuelle. En 1209, le roi Philippe Auguste s’empare de la place, puis en 1622, le roi Louis XIII ordonne de démanteler la forteresse, à l’exception de la Tour Carrée afin de marquer la victoire du Royaume contre les places fortes protestantes.
Contrairement à ce que laisse penser son nom, les côtés de cet édifice remarquable ne sont pas égaux : 9,52 m × 8,55 m × 9,10 m × 8,70 m. Les faces orientales et occidentales possèdent trois contreforts plats ; les faces sud et nord, quatre. Comme un certain nombre de donjons du XIe siècle (cf : le donjon du château de Langeais), la tour n’a pas d’accès au rez-de-chaussée mais une porte située au niveau du premier étage, à 4 mètres, et à laquelle on accédait par une échelle.
La tour de Loudun qui est haute de 31 mètres n’eu jamais de vocation résidentielle. Trop exiguë et non pourvu de défenses militaires, elle ne constituait qu’un solide point d’observation.
Depuis janvier 2017, la ville et la fondation du Patrimoine ont signé une convention (pour 5 ans) pour la restauration de ce monument qui s’élèvera à 1.916.107 € HT . Un escalier métallique devrait être installé à l’intérieur rendant à nouveau possible la visite du public et l’accès au sommet de ce donjon roman, œuvre majeure de l’architecture militaire de la région.
Le jardin médiéval
Au pied de la tour, la commune a installé un jardin d’inspiration médiévale. Ce jardin permet de montrer les plantes médicinales qui composent le fameux « Polychreston » médicament conçu en 1619 par Théophraste Renaudot (natif de Loudun, médecin ordinaire de Louis XIII) mais aussi d’autres plantes, comme des condiments utilisés dans la cuisine, des plantes courantes de pharmacopée ainsi que des simples sélectionnées d’après le Capitulaire de Charlemagne. Des carrés en châtaignier tressé, des pergolas, des arceaux de bois servent de décor à ce jardin, où l’on trouve aussi des arbres fruitiers.
Horaires d’ouverture : Ouvert du 1er juin au 30 septembre
Tarifs : Entrée libre
Le vélodrome
Situé sur les hauteurs du château, le vélodrome a été inauguré le 14 juillet 1895. D’une longueur de 185 mètres, il a été construit en ciment mais la piste sera bitumée rapidement. C’est l’un des plus anciens vélodromes de France et il a accueilli, jusque dans les années 70, les plus grands champions : Louison Bobet, Raymond Poulidor, Bernard Hinault…
Le kiosque et le jardin public
En face du vélodrome se trouve un jardin ainsi qu’un kiosque à musique. En ce début d’automne il restait encore quelques fleurs.
Les traces de l’ancien donjon
Musée Charbonneau Lassay
Installé dans un bel hôtel particulier du XVIIIème siècle, le musée porte le nom de l’érudit local Louis Charbonneau-Lassay (1871 -1946) qui contribua à la connaissance de l’histoire de Loudun.
Les collections, disposées à l’image d’un cabinet de curiosité, traitent de l’histoire de la cité et de son riche passé. Le peintre Loudunais Carl Rosa (1853 – 1913) est évoqué avec quelques-unes de ces toiles. Une salle est consacrée aux Loudunais célèbres. La salle d’art africain présente une importante collection constituée de masques rituels et d’objets de la vie quotidienne du Burkina Faso, dont sa capitale Ouagadougou est jumelée avec Loudun.
Les coordonnées :
24, rue du Martray
86200 LOUDUN
Tél. 05 49 98 81 58
Horaires d’ouverture :
Ouvert du 1er sept au 30 juin : mercredi, samedi, dimanche de 15h à 18h et du 1er juillet au 31 août tous les jours sauf mardi de 15h à 19h
fermeture annuelle en janvier, fermé le 11 nov, 25 et 31 déc, 1er jan, 1er mai, 14 juil , 15 août
Tarifs :
entrée libre / Visite guidée : 3,50€
Visites guidées de groupe sur demande
Eglise St Hilaire du Martray
D’importants aménagements ont eu lieu au XIXème siècle : la nef a été couverte avec une voûte en pierre et un vitrail est venu illuminer tout le chevet : c’est un des plus grand vitrail du Poitou qui a été réalisé par l’atelier Fournier de Tours.
Horaires d’ouverture : de mi mai à mi septembre : samedi et dimanche après-midi de 15h à 19h
Tarifs : Visite libre
La Porte du Martray
La Porte du Martray est un symbole de la ville de Loudun. Classée Monument Historique depuis 1946, elle est, avec les remparts, l’un des derniers vestiges conservés des fortifications et témoigne de la ville médiévale.
L’état architectural de la tour n’est pas celui d’origine. En effet, la Porte du Martray a subi depuis sa construction au XIVème siècle de nombreuses modifications. Elle est passée de porte de défense à pont levis, à un lieu de perception obligé de la taxe d’octroi pour les marchands avec un pont fixe, et a vraisemblablement connue la destruction de son dernier étage lors du tremblement de terre de 1711.
Après des fouilles en 2011, la restauration de la porte du Martray a débuté en septembre 2013. 180 tonnes de pierres sont passées entre les mains des ouvriers avant de pouvoir à nouveau visiter et admirer l’édifice.
Horaires d’ouverture :
Ouvert jusqu’au 18 septembre samedi et dimanche de 15h-19h
Tarifs : Gratuit
Où dormir ?
Lors de notre séjour à Loudun nous avions une chambre au domaine de Roiffé qui se trouve à 13 km de là. Le domaine de Roiffé est très agréable et bien situé pour un séjour entre la Vienne et le Val de Loire.
Les coordonnées :
route de Fontevraud
86120 ROIFFÉTél. 05 49 22 48 17
Email : info@domainederoiffe.fr
Horaires d’ouverture :
Toute l’année
De 8h à 19h en basse saison et de 7h30 à 21h en haute saison.
Tarifs :
Prix de la chambre double : 65€ / 96€
LE MOT DE LA FIN
On ne vas pas se mentir, Loudun n’est sans doute pas LA plus belle ville du département et de la région mais pour autant, elle réserve quelques jolies surprises comme ses musées, ses édifices religieux ou sa tour carré (qui je suis sûre sera un vrai plus lorsqu’elle sera accessible au public !).
Nous avons eu la chance en cette mi-septembre de pouvoir visiter les musées et les édifices gratuitement et de ne pas trouver porte close. Visiter Loudun en septembre était une bonne idée.
Pour voir ou revoir les articles sur le département de la Vienne
rendez-vous sur notre blog voyage dans la rubrique
POITOU-CHARENTES
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Ce reportage a été réalisé en partenariat avec l’Agence de Créativité
et d’Attractivité du Poitou. Comme pour chacun de nos reportages nous restons libres des choix de contenus sur notre blog.
Plus d’informations sur leur site internet officiel.
Site internet de l’office de tourisme de Loudun
Bonjour, un autre incontournable à Loudun, c’est le restaurant Le Ricordeau. Très belle qualité de cuisine, accueil soigné, belle salle avec du tuffeau. Et tout ça à un prix ultra abordable.
Reportage très intéressant, c’est ma ville de naissance et j’ai appris beaucoup. Merci
Merci à vous pour le message, c’est un plaisir de lire des retours de personnes qui connaissent bien la ville
Reportage intéressant je me suis replongée dans ma ville de naissance. Merci ça fait du bien en cette période de confinement.
Bonjour,
Découverte très intéressante qui m’a permis d’étoffer la généalogie d’une amie dont une grande partie de ses ancêtres étaient natifs de Loudun. Merci