Le site gallo-romain de Sanxay – VIENNE
Au début de l’été nous avons commencé notre exploration du département de la Vienne. Ainsi nous avons découvert la jolie ville médiévale de Montmorillon, Poitiers et ses édifice romans, l’abbaye de Saint-Savin surnommée la « Sixtine romane » puis l’abbaye de la Réau avant de remonter le temps et atterrir dans l’antiquité avec la visite du site gallo-romain de Sanxay.
Suivez le guide et allons découvrir incroyablement bien conservé,
un incontournable dans la région !
LOCALISATION
Vous le savez, ce n’est plus un secret, l’Histoire me passionne et si vous êtes comme moi il y a un site que vous ne devez rater sous aucun prétexte en Vienne c’est le site gallo-romain de Sanxay !
Sanxay est une petite commune de la Vienne qui se trouve à 30 km au Sud-ouest de Poitiers et à 20 km de St Maixent-L’école. Les vestiges du site se trouvent dans le hameau d’Herbord, en limite du département des Deux-Sèvres.
Le site est traversé par la Vonne, un affluent du Clain qui coule à Poitiers. La plupart des aménagements antiques sont situés dans l’anse d’un méandre de la rivière, sur la rive gauche. Les vestiges sont répartis, en l’état actuel des connaissances, sur une vingtaine d’hectares.
HISTOIRE DU SITE
Le site archéologique de Sanxay constitue une des agglomérations gallo-romaines majeures de l’antique territoire Picton, antique province d’Aquitaine. Les recherches menées ont permis de découvrir que le site de près de 25 hectares était occupé du Ier au IVe siècle après Jésus Christ et a connu la prospérité au IIe siècle.
Les vestiges des principaux monuments de la vie publique sont nichés dans l’écrin verdoyant de la vallée de la Vonne, une petite rivière, en dehors des grandes voies romaines ce qui peut surprendre. D’ailleurs le caractère monumental du site interpelle également car il disposait d’une imposante parure monumentale : un théâtre, un complexe thermal, un vaste sanctuaire dont le plan est unique dans le monde romain.
Les premières fouilles effectuées de février 1881 à octobre 1883 ont mis en évidence une ville particulièrement dense : rues, maisons urbaines (domus) et habitations plus modestes.
Complexe thermal ? Véritable ville ?
Les archéologues continuent à étudier le site qui demeure encore mystérieux.
La fonction du site est débattue depuis sa découverte. Certains ont voulu y voir un lieu de rassemblement ou un centre de cure thermale à vocation essentiellement religieuse. Les apports récents de l’archéologie permettent toutefois de considérer qu’un site d’une telle ampleur constituait une ville à part entière et regroupait l’ensemble des activités et des installations propres aux espaces urbains.
Fouilles et Recherches
La redécouverte du site par le père Camille de la Croix
Ce site archéologique était connu des riverains qui s’en sont servis de carrière de pierre au fil des siècles et les terrains ont servi à l’agriculture. C’est à la fin du XIXe siècle, 1500 ans après son abandon, que le père Camille de la Croix (un pionnier de l’archéologie poitevine, président de la Société des antiquaires de l’Ouest), redécouvre le site gallo-romain de Sanxay, une véritable petite ville (vicus) en excellent état de conservation.
Dès 1881, il entreprend un travail de déblaiement des ruines mais les terrains, simplement loués pour l’occasion, doivent être remblayés après les fouilles. Le père Camille de la Croix en profite pour relever des plans précis du site, faire des dessins, quelques photos et des articles sur les éléments découverts. Malheureusement les techniques de fouille de l’époque sont assez rudimentaires et conduisent parfois à la perte d’informations.

Le père Camille de La croix découvrant les vestiges de Sanxay… Ah non mince, c’est le père Maxime !
Les premières trouvailles
Dès 1882 que plusieurs vestiges sont classés comme monuments historiques. Certains des terrains sont ensuite acquis par l’État en 1884 et 1885, Jean-Camille Formigé puis son fils Jules commencent un relevé des ruines au début du XXe siècle.
De nombreux objets (poteries, bijoux, pièces, statues…) sont récupérés. Certains objets seront perdus, revendus mais d’autres ont pu être conservés et sont encore visibles au musée Sainte-Croix de Poitiers.
335 monnaies antiques sont ainsi découvertes, dont 38 provenant du temple. Les 226 pièces identifiées vont du dernier siècle de la République romaine au début du IVe siècle ce qui a permis de dater le site.
Quelques boutiques ont également été découvertes ainsi que des « hôtelleries » fréquentées par les pèlerins du temple ou les curistes du sanctuaire. Ce « vicus » était un centre rural, qui attirait la population des environs. Des fouilles sont effectuées dans le temple octogonal (1938) et dans le sanctuaire (1940). En 1975-1976, le sanctuaire des eaux, jusque là considéré comme un établissement thermal classique, fait l’objet de sondages.
La partie résidentielle et artisanale du site, identifiée par photographie aérienne, n’a pas encore été fouillée.

fragment de céramique de Sanxay visible au musée Charbonneau Lassay de Loudun
La poursuite des fouilles et l’ouverture au public
De 1985 à 1994, la mise en valeur du site s’accompagne, sous la direction de Pierre Aupert, de la reprise des fouilles archéologiques dans le sanctuaire, le temple et le théâtre ; des sondages sont également effectués au niveau des vestiges enfouis en 1883. Les résultats de ces travaux, qui conduisent entre autres à revoir la vocation des « thermes », font l’objet de nombreuses publications, dont l’ouvrage de synthèse Sanxay antique. À partir de 1998, les trois ensembles visibles, théâtre, temple et sanctuaire, font l’objet de relevés précis et de nouvelles études.

Un cadre unique pour les soirées lyriques
Aujourd’hui le site est ouvert au public et a reçu plus de 7.000 visiteurs l’an dernier. Avec ses vestiges et ses soirées lyriques, le site s’impose comme un incontournable du département. Les fameuses Soirées lyriques enthousiasment chaque été les mélomanes qui bénéficient d’un cadre hors du commun. Pour célébrer les 20 ans du festival cette année, c’est le spectaculaire opéra de Verdi « Aïda » qui était à l’honneur au cœur des vestiges. Opéra commandé à Giuseppe Verdi pour l’inauguration du canal de Suez, cette oeuvre, créée au Caire le 24 décembre 1871, reste l’une des plus appréciées et jouées au monde.
En juin 2019 et pour la première fois, des recherches archéologiques subaquatiques ont été menées sur le site gallo-romain de Sanxay. Jusqu’alors les recherches sur les sites se sont principalement concentrées sur des fouilles terrestres.
Ces nouvelles recherches ont permis de découvrir des fragments d’épave, tuiles et murs. C’est un vrai travail de fourmi et il faut vraiment avoir l’œil averti car là où l’on ne voit que des racines, des cailloux entassés, un archéologue lui y voit un gué, un mur… ou du moins ce qu’il peut en rester 2000 ans plus tard. Dans la rivière ils ont retrouvé un morceau de tuile façonné il y a des siècles et où l’on voit très distinctement la trace du doigt de l’homme qui a réalisé cette tuile.
Les principaux monuments
Le site conserve les vestiges des trois principaux monuments publics représentatifs de la période gallo-romaine : le théâtre, le complexe thermal et un sanctuaire avec un temple octogonal unique. Quand on arrive à l’accueil et que l’on regarde vers le site il est difficile de prendre conscience de sa grandeur et on ne perçoit que légèrement le théâtre.
En juin les pâquerettes embellissent ce paysage très vert où se distingue par ci par là des morceaux de mur, des pierres…
Le théâtre
Nous démarrons la visite avec notre guide en prenant la direction du théâtre. Contrairement à la plupart des autres aménagements du site, le théâtre est implanté sur la rive droite de la Vonne, beaucoup plus abrupte. Ce choix était stratégique et bien pensé puisque cette disposition a permis de limiter les travaux de maçonnerie lors de la construction. En effet grâce à la pente naturelle du terrain il suffisait d’adosser la cavea, c’est à dire les gradins à ce relief.
En forme de demi-cercle outrepassé, sa largeur de 89 m lui permet d’accueillir près de 6 600 spectateurs (vous imaginez !!!).
Les murs du théâtre supportaient des gradins en bois mais une petite loge d’honneur maçonnée, disparue, devait exister. La cavea domine une orchestra circulaire de près de 20 m de diamètre et une petite scène prend place sur le bord opposé de l’orchestra.

Sa cavea semi-circulaire mais son orchestra circulaire rattachent le théâtre de Sanxay au groupe des édifices de spectacles dits « ruraux », associant les caractéristiques architecturales des théâtres et des amphithéâtres. Lors de la visite le guide nous explique l’architecture, l’histoire du site, ses spécificités, c’est passionnant ! Pour en savoir plus sur ce théâtre, rien ne vaut la visite guidée !
Le complexe thermal
Nous poursuivons notre visite et passons la Vonne pour rejoindre la rive gauche. Le guide nous explique que des fouilles vont avoir lieu dans la rivière, une nouveauté sur le site. De loin nous apercevons de grands hangars et en-dessous les murs d’enceinte du sanctuaire des eaux.
Ces installations permettent de protéger les vestiges et des passerelles ont été aménagées pour permettre aux visiteurs de mieux comprendre l’organisation des thermes.
Cet ensemble est incroyablement bien conservé. On peut encore distinguer les bassins chauds, les pilettes, les pavements, les dalles… il y a même sur les pierres des traces de suie. Le guide est un expert et nous l’écoutons avec intérêt. Je me rappelle mes cours d’histoire antique à la Fac, ça me semble bien loin maintenant mais l’intérêt que je porte à comprendre le passé est toujours bien présent. C’est agréable de faire une visite guidée avec un historien, un archéologue, j’ai vraiment apprécié !

Le sanctuaire et le temple
Pendant la visite on se rend compte que le site est immense. Il faut marcher pour relier les 3 monuments. Dernier de notre visite nous arrivons au sanctuaire, composé d’un temple octogonal. Une source prend naissance au niveau des fondations sud-est de la cella ; celles-ci sont constituées de grands blocs non jointifs de manière à pouvoir capter l’eau.
Une série de quatre portiques délimite un péribole de forme sensiblement carrée (79 × 76 m) et d’une superficie de près de 4 000 m2 ; le sol des quatre portiques et celui de la galerie du temple se trouvent surélevés de près d’un mètre par rapport à celui de la cour.
Un souterrain relie, en diagonale, le temple à l’angle sud-est du péribole. Se prolongeant à l’extérieur jusqu’à un bassin, il semble avoir pour fonction le drainage de la cella et de la galerie du temple.
Il est difficile de prendre conscience du site avec des photos au sol, les vues aériennes permettent de bien comprendre l’organisation et de voir les limites du sanctuaires.
POUR CONCLURE
Cet ensemble est considéré par de nombreux spécialistes comme l’un des fleurons de l’archéologie gallo-romaine. Il constitue l’un des très rares exemples où ces édifices montrent un excellent état de conservation et sont intégralement accessibles au public.
Des visites commentées y sont proposées quotidiennement et permettent aux visiteurs d’appréhender l’histoire et l’évolution de ce centre urbain emblématique de son temps. Des visites thématiques et des ateliers à destinations des scolaires, des familles et du grand public complètent l’offre classique du monument : initiation à la fouille archéologique, ateliers autour des jeux et de la musique de l’antiquité, visites portant sur des thématiques naturalistes, jeux de piste…
Mon avis :
Pour moi le site archéologique de Sanxay est clairement un incontournable de la région et je vous avoue même regretter de ne pas avoir pris le temps d’y aller plus tôt. C’est un lieu parfait pour comprendre l’histoire d’un site antique. Il est possible de faire une visite libre mais je ne peux que vous encourager à suivre la visite guidée qui est tout simplement PASSIONNANTE !!
Vous me direz… je suis historienne donc je ne suis pas très objective. Et bien sachez que lors de cette visite nous avons été accompagnés par les parents de Maxime qui eux aussi ont particulièrement apprécié la visite (qui a donc fait l’unanimité auprès de nous 4).
Le guide est à l écoute, disponible et prévenant. Il répond aux questions et adapte son vocabulaire à l’auditoire ce qui est appréciable. Il partage avec enthousiasme ses connaissances.
C’est incroyable de constater qu’après plus de 2000 ans l’état des vestiges et des thermes sont encore exceptionnels. Peu d’endroits en France peuvent présenter sur un même site un théâtre romain, des thermes et un temple.
Bref, un site aussi intéressant qu’inattendu. Nous avons passé un agréable moment lors de cette balade commentée de deux heures. A faire sans hésiter, dommage que le site ne soit pas plus connu !
INFORMATIONS PRATIQUES
Tarifs :
Visite libre ou guidée : 6 €
Tarif de groupe : 5 €
Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans ressortissants de l’Union Européenne, personne handicapée et son accompagnateur, demandeur d’emploi sur présentation d’une attestation de moins de 6 mois, bénéficiaires du RMI, aide sociale, journalistes et enseignants.
Horaires d’ouverture : Ouvert toute l’année
– du 15 mai au 15 septembre : tous les jours 9h30 à 12h30 et 14h00 à 18h30,
– du 16 septembre au 14 mai : tous les jours, sauf le samedi, 10h00 à 12h30 et 14h00 à 17h30,
/!\ fermé le 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 décembre
Adresse et contact :
Site Gallo-Romain de Sanxay
Route de Ménigoute
86600 Sanxay
05.49.53.61.48
email : galloromain.sanxay@monuments-nationaux.fr
Pour voir ou revoir les articles sur le département de la Vienne
rendez-vous dans la rubrique
POITOU-CHARENTES
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Ce reportage a été réalisé en partenariat avec
le site de Sanxay et l’Agence de Créativité
et d’Attractivité du Poitou.
Plus d’informations sur leur site internet officiel.
1 réponse
[…] et de la Réau, Poitiers, Châtellerault, les châteaux de la Mothe Chandeniers et de Ternay, le site gallo-romain de Sanxay… parce que la Vienne ce n’est pas que le Futuroscope […]