Du Mémorial de Caen aux plages du débarquement – Normandie
Après ma visite du centre-ville de Caen, j’ai eu l’occasion de vivre une journée consacrée à l’Histoire avec une visite du mémorial de Caen le matin puis des plages du débarquement l’après-midi.
Cette plongée dans l’Histoire est incontournable lors d’un séjour en Normandie et l’émotion est vive lorsque l’on se rend sur ces lieux de mémoire que nous avons tous eu l’occasion d’étudier durant notre scolarité. Aux souvenirs scolaires s’ajoutent les souvenirs de famille ou encore les nombreux films qui retracent ces événements de la 2nde Guerre mondiale.
Le Normandie a profondément été marquée par ces événements et les paysages témoignent encore de cette période avec les vestiges du Mur de l’Atlantique et du débarquement, les impacts des bombes, les destructions… qui feront plus de 20 000 victimes civiles dans la région.
Difficile de revenir sur ces plages où les armées alliées ont débarqué le 6 juin 44 et où plus de 10 000 hommes ont perdu la vie pour libérer l’Europe. Sword beach, Utah Beach, Juno Beach, Omaha Beach… tous ces noms qui s’additionnent à ceux de ces jeunes soldats enterrés dans les différents cimetières de Colleville, La Cambe,…
Suivez-moi, je vous emmène sur ces lieux qui ont placé
la Normandie au cœur de notre histoire.
Une oeuvre pour la Paix, croisée dans les rues d’Arromanches
LOCALISATION
Utah Beach, Omaha Beach, Gold Beach, Sword Beach et Juno Beach. C’est sous ces noms de code utilisés par les alliés que nous connaissons encore ces plages où les troupes anglaises, américaines et canadiennes débarquèrent le 6 juin 1944.
Les plages du débarquement s’étendent à l’Ouest de Caen. Les Alliés avaient donné des noms de code à ces plages afin que personne ne sache où le débarquement aurait lieu : Utah, Omaha, Juno, Gold, Sword Beach. Alors que la France était occupée par l’Allemagne nazie, les Alliés ont débarqué sur ce rivage, sacrifiant des milliers de soldats pour la libération de l’Europe.
Le parcours complet des plages du débarquement de Sword Beach (Ouistream) à Utah Beach (Sainte-Marie du Mont) fait près de 120 kilomètres. C’est assez long et on trouve beaucoup de musées et de monuments qui retracent l’histoire du débarquement. Malheureusement je n’ai eu qu’une demi-journée et il a donc fallu faire des choix. Nous sommes partis de Caen en direction d’Ouistreham (Sword beach) puis Courseulles sur Mer (Juno Beach), Arromanches (Gold Beach), Colleville et Saint-Laurent sur mer (Omaha Beach), la pointe du Hoc puis le cimetière de La Cambe.
LE MEMORIAL DE CAEN
Première étape de ma journée : Le mémorial de Caen. Ce « musée pour la paix » commémore l’histoire douloureuse du XXe siècle et notamment de la Seconde Guerre mondiale.
On peut y voir des centaines d’images et de films d’archive qui nous plongent dans l’atmosphère qui pouvait régner à ce moment-là. Le début de la visite commence par une présentation du musée avant de rejoindre la première exposition où nous attend la spirale de la guerre.
L’entrée dans cette première partie se fait par une passerelle qui tourne autour d’une grande sphère blanche. On descend petit à petit en observant les événements défiler sur les murs : les tranchées en 1916, l’armistice en 1918, les années folles et leur insouciance (les femmes se libèrent, coupent leurs cheveux, fument, conduisent des voitures, on écoute de la musique, on essaye d’oublier la Grande guerre…) puis vient la montée des totalitarismes, l’arrivée au pouvoir d’Hitler et on voit des photos de cette Allemagne qui se prépare à la guerre.
Même les Tuche étaient là !
Deuxième partie, on entre dans le conflit avec la mobilisation générale, la mise en place du régime de Vichy, les combats, le quotidien des civils puis les déportations… la Shoah, les morts… la Résistance, l’entrée en guerre des Etats-Unis et leur conflit avec le Japon. La partie sur les déportations est très intéressante, on y voit des images du quotidien des juifs et des tziganes avant les déportations, des images d’Auschwitz…
Une autre partie du musée est consacrée au débarquement en Normandie avec des images d’archive ou encore une autre exposition sur la guerre Froide, la division de l’Europe et du monde en deux camps autour des deux grandes puissances : les Etats-Unis et l’URSS.
Puis c’est l’heure de la construction du mur de Berlin, une reconstitution d’appartements soviétiques, et toujours des images d’archive qui retracent les grandes étapes du mur jusqu’à sa destruction le 9 novembre 1989.
OUISTREHAM – SWORD BEACH
Le phare qui garde l’entrée du canal de Caen à la mer
Les célèbres cabanons de plage avec la flamme en arrière plan
Contrôlant l’embouchure d l’Orne et de son canal, la paisible cité balnéaire de Ouistreham a été transformée par les Allemands en Stützpunt (point fortifié). La plupart des villas du bord de mer ont été rasées pour laisser place à un véritable camp retranché, hérissé de bunkers, de canons, de nids de mitrailleuses… C’est sur cette plage de Sword Beach que débarquèrent la seconde armée britannique et des commandos français.
Pour leur rendre hommage on retrouve le monument « La Flamme » avec à gauche la stèle du commandant Kieffer et des bornes qui portent les noms des commandos français tués sur la plage.
JUNO BEACH
Entre les plages britanniques de Sword et Gold, le secteur de Juno Beach correspond à la portion du littoral affectée aux Canadiens au cours des opérations du débarquement. Ici, pas de batteries lourdes, mais nombre de petits ouvrages échelonnés le long du rivage, abritant canons antichars ou mitrailleuses, souvent construits sur les digues.
Nous avons eu l’occasion de nous arrêter à Saint-Aubin sur mer où on peut encore observer un canon antichar sur la digue, à côté des villas. Plusieurs monuments ont été construits pour rendre hommage aux soldats morts sur ces plages mais aussi aux victimes civiles de la commune.
Sur la plage de Graye-sur-Mer, non loin du centre Juno Beach, un musée qui retrace l’histoire du Canada et son rôle lors de la seconde guerre mondiale. « la croix de Lorraine » que l’on retrouve sur la plage symbolise le retour en France du Général de Gaulle.
ARROMANCHES – GOLD BEACH
Si Arromanches-les-bains est aujourd’hui une ville connue de tous grâce à son fameux port artificiel flottant, surnommé « Port Wintson« , en l’honneur de Churchill qui en suggéra l’idée. Ce port artificiel a été construit par les Alliés afin de permettre le débarquement de matériel lourd, sans attendre la conquête des ports en eaux profonds, tels que le Havre et Cherbourg.
Ils avaient besoin d’un port dans une zone sûre mais tous les ports existants au début du débarquement étaient entre les mains de l’ennemi. La solution fut trouvée : « Puisque nous ne disposons pas de ports, nous apporterons les nôtres ». D‘énormes caissons en béton (nommés les « Phoenix ») ont ainsi été rapportés d’Angleterre. Conçus pour flotter jusqu’à ce qu’on ouvre des vannes, ils se sont remplis d’eau pour former une gigantesque digue artificielle de 9 kilomètres de long permettant le ravitaillement et l’amarrage.
Ce port permit de débarquer de 9 000 à 22 000 tonnes de matériel par jour, lors de la bataille de Caen. Pendant les cent jours de fonctionnement du port, ont été débarqués : 2,5 millions d’hommes, 500 000 véhicules, 4 millions de tonnes de matériel.
Les vestiges de cette prouesse technique sont encore visibles sur la plage et cette ville, hautement symbolique, a d’ailleurs été choisie pour recevoir les cérémonies officielles du 60ème anniversaire du débarquement en 2004.
OMAHA BEACH
La plage de Omaha a accueilli les troupes américaines. Les 6km de plage avaient été divisés en 3 grands secteurs codés d’Ouest en Est : « Dog » face à Vierville, « Easy » face à Saint-Laurent et « Fox » face à Colleville.
Les allemands avaient fortifié la falaise avec des bunkers bétonnés et installé de nombreux obstacles sur la plage (comme les croix de métal que vous pouvez voir sur une des photos ci-dessus) et construit des fossés et des murs antichars d’assaut aux entrées des avllées conduisant aux 3 villages (Carentan, Saint-Côme-du-Mont et Saint-Mère l’Eglise).
Sur la plage on peut voir une gigantesque sculpture nommée « Les Braves » signée par l’artiste Anilore Banon. Elle mesure 9 m de haut sur 15 m de large, pèse 15 tonnes et représente 3 éléments :
– Debout la Liberté
– Les Ailes de l’Espoir
– Les Ailes de la Fraternité
Cette œuvre rend hommage aux 3 000 soldats qui sont mort, ont disparu ou ont été blessés sur cette plage le 6 juin 1944.
LA POINTE DU HOC
La Pointe du Hoc est un endroit incontournable lors de la découverte des plages du débarquement en Normandie car c’est un lieu qui porte encore à l’heure d’aujourd’hui les cicatrices presque intactes de l’enfer du 6 juin 1944. En effet, le site est resté dans le même état depuis les bombardements.
La Pointe du Hoc est un éperon rocheux entre deux plages et qui offre une panorama sur la côte normande. Cette position en a fait un site stratégique pour les Allemands qui y avaient bâti une batterie d’artillerie, afin de se prémunir contre un débarquement allié. Cette puissante batterie d’artillerie leur permettait de balayer la côte sur un large secteur.
Dans la nuit du 6 juin 1944, 300 soldats alliés ont débarqué et escaladé la falaise pour neutraliser les fortifications allemandes avant de lancer l’assaut. La bataille sera sanglante et durera deux jours, deux jours de violence et de terreur qui firent 135 morts en quelques heures.
Les bombardements ont laissé d’immenses impacts d’obus et ont endommagé les infrastructures militaires dont il reste encore des vestiges. En voyant ce site on imagine bien l’enfer qu’ont vécu les soldats qui étaient présents.
Monument en l’honneur du sacrifice des troupes américaines
« Que jamais nul n’oublie l’héroïsme de ces hommes qui défièrent l’impossible pour notre liberté »
Un monument commémoratif a été érigé en 1960 sur le bord de la falaise. Positionnée sur l’ancien poste de direction de tir, cette grande aiguille de granite, symbolise le poignard des Rangers planté dans les défenses allemandes du Mur de l’Atlantique.
LES CIMETIÈRES MILITAIRES
Le cimetière américain de Colleville-sur-mer
La découverte des plages du débarquement ne peut se faire sans avoir une pensée envers tous ceux qui ont donné leur vie pour la Liberté, pour nous libérer. La visite des cimetières militaires est donc incontournable pour leur rendre hommage mais on ne doit pas non plus oublier tous ces jeunes allemands envoyés en France pour combattre une cause qu’ils ne comprenaient et/ou ne partageaient pas, victimes d’un système qui ne prônait que la haine de l’Autre et la défense d’intérêts qui n’étaient pas forcément les leurs.
Le plus grand et le plus connu est le cimetière américain de Colleville-sur-mer qui surplombe la plage d’Omaha beach (que l’on retrouve notamment dans les premières minutes du film « Il faut sauver le soldat Ryan »). Sur ces 70 hectares, des milliers de croix blanches s’étendent à perte de vue. Ce sont 9 386 soldats américains qui y reposent et un monument à l’entrée rappelle les noms des 1 557 américains dont la dépouille n’a jamais été retrouvée.
Bon à savoir :
Malheureusement pour moi, lorsque nous sommes arrivés devant le cimetière les grilles étaient déjà fermées car en mars le cimetière ferme à 17h. L’accès est gratuit mais il faut se méfier des horaires. J’espère pouvoir m’y rendre à nouveau dans quelques semaines pour ramener des photos récentes.
* Le cimétière de Colleville est en territoire américain, c’est donc un moyen très rapide de faire un tour aux Etats-Unis sans avoir à prendre l’avion !
Le cimetière allemand de La Cambe
Le cimetière allemand de La Cambe se trouve à quelques kilomètres de la Pointe du Hoc dans une clairière parsemée d’arbres et de petites croix. Ce cimetière est moins connu pourtant c’est ici que se trouvent les corps de 21 222 soldats allemands qui ont payé de leur vie l’ordre de ne pas se replier entre juin et août 1944.
Les soldats allemands sont regroupés par deux dans chaque tombe que l’on repère grâce à de petites dalles qui dépassent à travers l’herbe. Des familles, des proches, sont venus se recueillir récemment et ont laissé des fleurs sur certaines tombes.
Pour avoir une vue d’ensemble sur le cimetière, il est possible de monter sur le tertre central ont été inhumés 296 soldats non identifiés et qui est surmonté d’une grande croix encadrée de statues et qui mesure 6m de haut.
Ces cimetières qu’ils soient américains, anglais, canadiens ou allemands font réfléchir sur le sacrifice de tous ces hommes, trop jeunes pour mourir.
VISITER CAEN
Pour prolonger votre séjour en Normandie, n’oubliez pas d’aller faire un tour Caen ou au Mont-Saint-Michel qui sera le sujet de mon prochain article :). Vous pouvez retrouver l’article > ICI
BILAN DE LA JOURNÉE
Cette journée sur les plages et au mémorial m’a rappelé pourquoi j’aime l’Histoire et pourquoi j’ai envie de transmettre la mémoire des ces évènements qui ont bouleversé tant de vies. Cette redécouverte des plages du débarquement m’a rappelé ces vacances d’été avec ma mère alors que j’avais à peine 10 ans. Je me souviens de ce que ma mère me racontait, de ma peur d’aller dans l’eau me baigner sur ces plages qui avaient vu mourir tant de jeunes soldats. Je me souviens du bruit des vagues le soir lorsque nous dormions dans la tente et du sommeil agité de ma mère, bouleversée par cette visite.
Ces sites sont des témoignages exceptionnels et uniques de l’histoire de notre pays, de l’Europe et du monde. C’est un témoignage qui nous rappelle à quel point la paix est fragile et qui nous rappelle la chance que nous avons de vivre aujourd’hui dans une Europe unie et en paix avec nos voisins allemands. Cette visite devrait être obligatoire dans les écoles, chaque jeune devrait durant sa scolarité se rendre sur un lieu de mémoire comme celui-ci ou comme à Auschwitz en Pologne où j’étais l’an dernier.
Et vous, quel est le lieu de mémoire, le lieu chargé d’histoire qui vous le plus marqué ?
2 réponses
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