Mykines, le paradis des oiseaux – Faroe Islands
Ce n’est plus un secret, nous aimons passer nos étés dans le Nord !! Pas dans le Nord de la France non plus hein, dans le Grand Nord, celui où il y a de la neige en été et des glaciers par dizaines. Les plages de sable fin, aux eaux turquoises, le soleil, le maillot de bain et la chaleur… en juillet/août ce n’est pas notre truc ! Ce que j’aime c’est marcher dans la neige pour mon anniversaire fin juillet, photographier des glaciers et porter un bonnet et des gants tout l’été. Eté 2017, on ne change pas les habitudes et on met le cap sur l’Islande, un rêve qui prenait enfin vie !
En route, nous avons longé les côtes des Shetlands et fait une pause aux îles Féroé dont les paysages me faisaient déjà rêver enfant. Depuis des années je rêvais de voir des macareux de très très près et c’est sur l’île de Mykines que mon rêve s’est réalisé <3 !!
Suivez-nous, on vous emmène découvrir Mykines,
le paradis des oiseaux et des amoureux de la nature !
MYKINES
Mykines est l’île la plus occidentale de l’archipel des Féroé et est connue pour être le paradis des oiseaux.
L’île n’est pas immense et il n’y a qu’un seul village : Mykines bygd « Mykines-Village » qui abrite 20 habitants à l’année (il y en avait 170 en 1940). Il n’y a aucune route, aucun arbre et aucune voiture. Le seul moyen de transport sur l’île ce sont quelques quads.
Pour les commerces, il n’y a pas grand chose sur l’île : un café-bar, une guest-house et la possibilité de camper près de la rivière.
Les origines :
L’origine du nom de l’île fait encore débat, pour certains c’est un nom d’origine féringienne Mikið nes « grande langue de terre » pour d’autres il y aurait une origine gaëlique : muc-innis « l’île-cochon ».
Des recherches ont démontré que l’île était déjà peuplée au VIIe siècle et on suppose que l’île appartenait aux premières colonies de moines irlandais qui ont découvert les îles Féroé et s’y sont installés. Ce paradis des oiseaux serait peut-être celui décrit par le moine irlandais St Brendan.
Si les touristes se déplacent vers ce petit bout de terre perdu au milieu de l’océan ce n’est pas pour l’hôtel 4 étoiles avec piscine et vue sur mer, ce n’est pas pour son restaurant, ses plages de sable fin… mais pour les nombreux résidents à plumes qui y ont élu domicile. Les passionnés de la nature connaissent ce lieu, un des plus beaux au monde pour observer notamment les macareux moines.
COMMENT REJOINDRE MYKINES ?
Mykines est l’île la plus occidentale de l’archipel des Féroé. Elle se trouve à l’Ouest de lîle de Vágar que je vous présenterai dans mon prochain article et où se trouve l’aéroport de l’île. C’est d’ailleurs depuis l’île de Vágar (accessible par un tunnel sous la mer) que l’on peut prendre le bateau pour aller à Mykines.
Pour rejoindre l’île aux oiseaux il faut prendre le bateau dans le port de Sørvágur. Mais attention, prévoyez d’arriver pas mal de temps avant le départ pour être sûr d’avoir une place sur le bateau. En effet, les places sont chères : un seul bateau le matin et seulement 50 places. (il y a aussi un bateau en fin de journée mais il faudra donc prévoir de camper sur l’île).
Pour ce trajet il faut compter 66,66 € pour deux aller/retour dans la journée.
J’ai eu très très peur de ne pas avoir de place car je savais que c’était compliqué. Par chance, un jeune féroïen avec qui nous avons discuté nous a été d’une grande aide pour avoir une place sur le bateau. L’avantage de fonctionner ainsi c’est qu’il y a peu de monde sur l’île, la nature est préservée et les animaux sont plus tranquilles. J’ai bien conscience que nous avons été des privilégiés <3 !! (Sans lui, nous n’aurions pas pu y aller…) J’espère sincèrement qu’ils ne succomberont pas au démon de l’argent et qu’ils continueront à envoyer des personnes au compte-goutte sur l’île, seul moyen de protéger ce paradis.
Le trajet pour rejoindre Mykines dure 40 minutes et permet de voir de superbes paysages. Le début du trajet nous fait traverser le Sørvágsfjøður qui mesure près de 3,5 km où on peut apercevoir des fermes à poissons (très courantes dans la région).
L’îlot de Tindhólmur
En chemin, les paysages et la luminosité sont saisissants. On a l’impression d’avoir changé de monde, de se retrouver dans une nouvelle dimension et on s’attend presque à croiser des elfes ou des trolls. Le capitaine du bateau n’hésite pas à ralentir pour nous laisser observer ces géants de pierre qui sortent de l’eau. Tout le monde saisit son appareil photo pour immortaliser la scène.
La légende de Tindhólmur
L’îlot de Tindhólmur est inhabité mais selon la légende il ne l’aurait pas toujours été.
En effet, une histoire raconte qu’autrefois une famille y vivait. Un jour, alors que le père était parti pêcher en mer, un aigle vint, enleva l’enfant et l’emporta dans son aire, au sommet d’un pic.
La mère escalada alors la montagne jusqu’à l’aire de l’aigle. Hélas, lorsqu’elle l’atteint enfin, il avait crevé les yeux de l’enfant. Elle reprit son enfant mais malheureusement il succomba à ses blessures. Après cet incident, le couple quitta l’îlot, et depuis plus personne n’habita dessus.
L’histoire n’est probablement qu’un mythe, mais l’un des pics de Tindhólmur est baptisé le pic de l’aigle. De plus, des recherches sur l’îlot suggèrent qu’il a été habité à une époque.
Bien sûr notre objectif était de rejoindre Mykines mais le trajet en bateau valait la balade à lui seul ! Naviguer entre ces rochers immenses est une des images qui nous a le plus marqués durant notre séjour.
Au bout d’une vingtaine de minutes nous longeons la côte est de l’île aux oiseaux et nous ne tardons pas à comprendre la raison de son surnom… devant nous des milliers de points noirs volent dans le ciel. La dernière fois que nous avons vu des milliards de points noirs comme ça dans un ciel gris c’était les midges en Ecosse… ou les moustiques en Finlande !!
Là, on observe, on ne sait pas trop ce que c’est, un oiseau mais qui vole vraiment bizarrement et qui plonge dès que le bateau se rapproche. A ce moment là, je ne rêve que d’une chose : Pitié, faites que ce soient des macareux !!!
Avec nous sur le bateau, quelques touristes norvégiens, danois ou allemands et pas mal de locaux avec des sacs de course et des valises. Il y a très peu de français et (avouons-le) ce n’est pas pour nous déplaire. Ici pas de chichi, que des amoureux de la nature, tout le monde en K-way et chaussures de rando… Pas de doute, cette destination ne peut que nous plaire !
L’arrivée sur l’île
Après 40 minutes de trajet nous posons le pied sur l’île. Sac sur le dos, appareil photo dans les mains… nous sommes accueillis par un bel escalier qui grimpe à pique ! Pas de souci, nous sommes en forme, on attaque la montée ! (Préparez vos mollets parce que cela monte assez raide mais c’est le prix à payer pour pouvoir profiter de la vue).
Arrivés en haut de l’escalier, on reprend notre souffle et on jette un premier coup d’œil sur le village qui sort de la brume. Quelques barques ont été hissées sur les hauteurs avec le treuil et reposent auprès de cabanes en pierre et au toit végétal. Je meurs d’impatience et j’ai hâte de partir découvrir l’île. On laisse volontairement la visite du village pour la fin de journée et on se dirige vers le farwest enfin, le phare de la pointe ouest 😉 .
LA SURPRISE : les Puffins sont là !!!
On arrive devant le village et on suit le chemin qui grimpe sur la gauche. J’ai hâte d’être au sommet pour voir si il y a des macareux. Finalement… à ma plus grande SURPRISE, nous ne ferons que quelques pas tout près du village avant d’apercevoir derrière une touffe d’herbe notre premier macareux <3 !! J’ai les yeux qui brillent, le sourire jusqu’aux oreilles : ils sont là !!! Il ne m’en fallait pas plus pour combler mes rêves de petite fille (et de grande fille 😉 ).
C’est parti, ni une ni deux, je pars à la chasse au puffin. Il y en a partout et je mitraille à gauche, à droite… je pose l’appareil photo sur le sol et je m’assois pour les observer. Je ne sais plus où donner de la tête et Maxime panique : « Tu vas encore remplir le disque dur en rentrant ».
Après une bonne grimpette nous voilà arrivés au sommet. Maxime craque et se met à son tour à remplir la carte mémoire de l’appareil photo. Ni l’un ni l’autre nous n’avions imaginé voir autant de macareux au même endroit. Nous savions que l’île était un petit paradis pour eux mais on s’attendait au mieux à voir une colonie d’une centaine peut-être jusqu’à 500 mais pas autant, surtout fin juillet. Nous sommes comblés !
Même si au départ j’avoue que je n’ai eu d’yeux que pour les macareux, je ne tarde pas à me rendre compte que les paysages sont incroyables !! Des pics rocheux couverts d’herbe très verte, des falaises et la mer à perte de vue. Sur le sentier des petites crottes nous interpellent, ce ne sont pas des crottes de macareux : il y a donc d’autres habitants sur l’île 🙂 des petits moutons.
L’heure de casser la croûte !
Après cette bonne grimpette et ces premières découvertes, nous nous sommes installés dans l’herbe pour pique-niquer avec les moutons, tout en observant les macareux. A ce moment-là, on peinait encore à réaliser où nous étions. Quelques heures avant nous étions au Danemark et aux Pays-Bas… et là, nous étions seuls au bout du monde !
D’ailleurs, nous n’étions pas les seuls à casser la croûte, c’était aussi l’heure de manger pour les macareux qui nous ont offert un immense ballet. Nous les avons observé aller pêcher et revenir au nid le bec plein de petits poissons.
J’ai adoré les observer et ils ne semblaient pas gênés par notre présence. Nous n’étions pas plus d’une trentaine à parcourir l’île ce jour-là et pas tous au même rythme. Les oiseaux sont donc plutôt tranquilles et vaquent à leurs occupations. Bien sûr, pour les observer il faut garder une certaine distance pour ne pas les déranger, mais c’est du bon sens.
Le macareux moine
Les macareux (Fraterculini) forment une tribu d’oiseaux marins charadriformes de la famille des alcidés. Ils sont reconnaissables grâce à leur plumage noir et blanc et leur bec coloré. Ils vivent en colonies dans les régions tempérées fraîches de l’Atlantique Nord et du Pacifique.
Nous avons eu la chance d’en revoir en Islande mais on peut aussi les observer beaucoup plus près comme en Bretagne (du côté de Perros-Guirec), à Jersey ou en Irlande.
La particularité de ces oiseaux est leur gros bec en forme de triangle et très coloré en période nuptiale. Après la période de reproduction, les plaques colorées tombent et le bec devient plus petit, plus terne et plus sombre.
Si tout se passe bien, chaque individu peut vivre 25 ou 30 ans… et revenir, à chaque printemps dans son terrier (je vous montre à quoi cela ressemble un terrier de macareux un peu plus bas). Il y a donc une saison pour les observer entre fin mars et fin août.
MikynesHolmur, la deuxième île
L’île de Mykines est en réalité coupée en deux îles : Mykines (l’île principale) et MikynesHolmur que l’on peut rejoindre grâce à un pont suspendu. Arrivés au bout de l’île principale nous pensions apercevoir le phare de MikynesHolmur mais la brume était trop épaisse.
Pour rejoindre l’île secondaire, il faut descendre le long de la falaise pour rejoindre le pont surnommé Pont de l’Atlantique et qui conduit vers l’îlot de Mykineshólmur.
Le second îlot ressemble comme deux gouttes d’eau au premier. On y retrouve des macareux, des moutons et des mouettes tridactyles.
On se rapproche de plus en plus du phare mais il peine à se dégager de la brume. Nous retrouvons à ses pieds la plupart des personnes qui étaient avec nous sur le bateau. Beaucoup sont venus avec des jumelles pour observer les fous de Bassan qui y nichent par milliers. En repartant nous aurons d’ailleurs le plaisir de longer cette côte en bateau et d’observer d’encore plus près ces oiseaux sur leurs îlots.
Le phare de Mykineshólmur
Au fil des siècles, de nombreux bateaux ont coulé au large de Mykines. Ces drames ont fini par décider les autorités locales sur la construction du phare de Mykineshólmur, chargé de rendre le trafic en mer plus sûr. Ce phare sera inauguré en 1909.
Malheureusement, la construction du phare n’empêcha pas une nouvelle catastrophe en 1934. Deux navires se percutèrent et il y eut 43 morts, dont 8 originaires de l’île de Mykines. Un monument érigé dans le village rappelle ce tragique incident, de même que des plaques en marbre commémoratives dans l’église.
Le phare n’est pas très haut, blanc avec son toit rouge un peu délavé. Ce qui étonne ce sont les tiges de métal de part et d’autre qui donnent l’impression de maintenir le phare face aux éléments.
Arrivés à la pointe la plus occidentale des îles Féroé, nous n’avons pas oublié d’immortaliser la scène avec notre célèbre photo de La Route à deux et nous avons commencé à rebrousser chemin en direction du petit pont de l’Atlantique.
Ce pont n’a rien de très joli (mis à part son surnom poétique). C’est un pont en métal, grillagé et COUVERT par les fientes des oiseaux qui nichent aux environs.
Des oiseaux par milliers !!
Sur chacune de nos photos (même de paysage) on peut observer des tâches noires qui se distinguent sur le ciel gris, ce sont des macareux. Je vous le disais au début de l’article, j’espérais fortement voir des macareux mais j’avoue que je ne pensais pas en voir autant !! Tout près du pont, des centaines de terriers font face à la mer et le spectacle est juste dingue !! (Bien sûr, on croisait les doigts pour que ces jolis macareux qui passaient au-dessus de nos têtes n’aient pas l’idée de se lâcher sur nous en cours de route 😉 )
Les macareux sont des oiseaux de haute mer. Après 7 mois de vie au large, ils arrivent à terre au mois de mars, retrouvent leurs partenaires et se réapproprient leur terriers. Et oui, le macareux ne construit pas un nid mais il creuse un terrier profond avec son gros bec.
Chaque femelle pond un œuf unique dans un terrier profond. C’est là que le poussin va éclore et grandir pendant une quarantaine de jours. Les parents se relaient pour pécher des morelles, lançons, des sprats et des capelans, qui sont l’alimentation principale du macareux.
Le village de Mykines Bygd
La journée a filé à la vitesse de la lumière et le bateau ne va pas tarder à revenir nous chercher. Avant de partir, nous allons explorer le village.
Du fait de sa situation isolée, le village s’est largement dépeuplé ces dernières années. En 1940 il y avait 170 habitants mais aujourd’hui il n’y aurait plus que 20 habitants sur l’île à l’année.
Même si les jeunes ont quitté l’île pour aller faire leur études et trouver du travail, ils sont encore nombreux à revenir passer l’été dans le village de leurs ancêtres. D’ailleurs sur le bateau avec nous il y avait plusieurs familles avec leurs valises et les grands-parents qui les attendaient au bas du village à l’arrivée du bateau.
Le petit village est très authentique et très mignon. Les habitants ont gardé leurs traditions et on retrouve les célèbres toitures végétalisées.
Pas de route, pas de voiture. Tout est calme et tranquille, on entend juste les oiseaux, le ruisseau et le bruit des vagues.
Pour dormir, pour venir
Il est possible de planter sa tente au bord du ruisseau, au sud du village.
Bateau ou hélicoptère ?
En été, l’île est régulièrement reliée par bateau au village de Sørvágur.
Toutefois, il existe durant toute l’année une liaison par hélicoptère avec les services de la compagnie Atlantic Airways depuis l’aéroport de Vágar, situé à 2 km de Sørvágur. Nous avions pensé à cette solution (cela aurait été une première pour nous) mais prendre la bateau nous a semblé plus facile.
Le Retour
Toutes les bonnes choses ont une fin ? A 17h30, le bateau était de retour dans le minuscule port de l’île. La mer était calme et heureusement, manœuvrer dans ce petit port, entre les falaises, demande une certaine maîtrise mais le capitaine doit avoir navigué sur ces eaux depuis son enfance !
On commence à regarder les côtes s’éloigner et on a comme un petit pincement au cœur… nous aurions bien aimé y passer la nuit, y passer plus de temps. D’un coup, le bateau vire à tribord (alors que nous devions aller à babord) mais que fait le capitaine 😮 ?
Au lieu de partir à gauche pour rejoindre Vagar, le capitaine nous emmène à la pointe ouest de l’île : le bonus de notre croisière !! Nous voilà face aux îlots qui abritent les fous de Bassan, le rêve des ornithologues du monde entier.
Fin de cette première aventure
Cette journée à Mykines restera parmi mes plus beaux souvenirs. Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir nous rendre sur ce petit bout de terre perdu au milieu de l’océan et qui avait tout pour nous séduire. Aujourd’hui encore j’ai du mal à réaliser que j’y étais, que j’étais tout près de ces macareux.
Un nouveau rêve d’enfant réalisé et il m’en reste encore des centaines <3 !
Cela promet encore de belles aventures !
On vous dit à très bientôt pour la suite des articles de notre road trip de 5 semaines
aux îles Féroé et en Islande
Anaëlle x Maxime
Extraordinaire, quelle chance ! Les falaises me font penser à celles de l’île de Skye
Magnifique photoreportage, et en bonus un cours d’ornithologie, bravo à tous les deux et merci pour le partage.
Grand merci.Reportage réalise avec perfection ,les images,les photos et les macareux.La chance que vous avez,j’adore tu vos partages et commentaires!
Merci beaucoup Krystyna 🙂 votre message fait plaisir à lire !! Heureux que cette balade à nos côtés vous ait plu
Super ! Ca fait rêver ! Je pars en famille aux îles Féroé cet été. 🙂 Est-ce qu’il y a un site sur lequel on peut consulter les horaires et réserver le bateau ? J’envisage de faire l’aller en hélico et le retour en bateau …
J’ai hâte d’y aller l’été prochain, je viens de prendre mes billets pour juillet 2020 !!! Par contre je ne savais pas que le nombre de personnes était limité pour le bateau… Un moyen de réserver ? J’emmène mon fils de 15 ans qui rêve de ce voyage depuis son plus jeune âge, ce serait tellement frustrant de ne pouvoir aller à Mykines… Merci pour votre aide 🙂
Bonjour cet été le chemin menant au phare est fermé pensez vous que nous pourrons observer les macareux malgré cela sur le reste de l’île ? Merci